Mustapha Amarouche : articles

By | 1 mars 2023

Articles de Mustapha Amarouche

LE KABYLE ET L'EXIL L'exilé est une peine vivante, car même apaisés les tourments matériels, l'âme est toujours à la quête de soi, dans une recherche désespérée mais vaine de tout ce qui lui rappelle son lieu de naissance. L'oiseau n'oublie jamais l'arbre d'où il a déployé ses ailes pour prendre son premier envol. Le montagnard est doublement exilé car, habitué aux vastes espaces où se dilue le regard, il est oppressé entre les murs de la cité. Ses jambes, ses yeux n'avaient pas de limites. Il devra dorénavant être rectiligne, discipliner ses gestes, ses regards, 'se civiliser', taire les voies enjouées de son âme. Si le passé n'est effectivement parfait que dans ses souvenirs, c'est à l'aune de ses émerveillements magnifiés par la nostalgie qu'il mesurera toute joie à venir. Ce passé l'a quitté, le présent le fuit, mais tous deux le marquent définitivement de leur empreinte. Il est là, mais son ombre court toujours dans les ruelles et les sentiers qui avaient empli ses yeux. Il était un, il se retrouve deux dans ce qui est moins un enrichissement qu' un écartèlement car en lui vivent désormais deux êtres aux contours tellement incertains qu'il lui semble abriter deux fantômes.

"Le regard que nous posons sur les êtres et les choses est tout d'abord organique, il décline la forme physique. À ce stade, cette première apparence est identique pour tous. Puis cette image est décryptée par les filtres de notre moi, tissés par notre histoire personnelle, notre parcours de vie, notre sensibilité, qui l'habillent, lui donnent un contenu émotionnel. Ainsi un chien n'est pas vu de la même manière par un homme qui a déjà été mordu et par un autre qui n'a connu de cet animal que les caresses affectueuses de la langue. Cela s'applique à tout, y compris les enjeux sociaux. Et nous réagissons différemment à la même situation car les hommes regardent au même endroit, mais ne voient pas la même chose."

Mustapha Amarouche ...Le printemps était là, il faisait un beau soleil et le gazon dans les parcs avait reverdi. Le réveil végétal se faisait doucement, comme si les arbres étaient encore sous l’effet du long hiver qui avait gelé le sol en profondeur et arrêté toute vie végétative. Les arbres commençaient déjà à gonfler leurs bourgeons sous la montée progressive de la sève. Les moineaux étaient en alerte, ils voletaient de branche en branche, faisant la fête au soleil qui caressait leurs petits corps, petites boules de plumes ayant survécu aux très basses températures qui tueraient un homme nu en quelques secondes. Ces petits oiseaux étaient un miracle de vie éternellement renouvelé.

Tudert se sentait anormalement fatiguée après sa journée de travail. Depuis quelques jours, elle avait des nausées matinales et la sensation d’une angoisse sourde, indéfinissable, qui venait par à-coups. Avec ses règles qui ne venaient pas, elle avait toutes les raisons de se croire enceinte. Plusieurs fois, par défi ou juste par envie, elle ne s’était pas protégée pendant ses relations charnelles avec Nathan.
Elle voulait en être certaine, elle se dirigea vers la pharmacie la plus proche. Elle ne voulait pas faire le test à l’hôpital où elle travaillait. Une demi-heure plus tard, elle rendit son sourire à la pharmacienne. Oui, elle était enceinte. Elle sourit, serra le poing de satisfaction. Elle n’était pas stérile comme voulait le lui imposer son ex-mari Bassam. Non, un bébé était en germe dans ses entrailles. Elle était emplie d’un bonheur immense en même temps que d’une appréhension sourde, une inquiétude indéfinissable. Comme si cette grossesse illégitime allait contre toute la mémoire de ses ancêtres. Elle sentit soudain toute sa lignée pointant contre elle un doigt accusateur. Elle écarta ses pensées. Pour le moment, elle savourait ce bonheur, sa main caressa son ventre, s’attarda sur le cratère du nombril. Elle sentait presque la petite vie qui palpitait en elle...
Éditions Convergences ISBN 978-2-924871-02-7
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Mustapha Amarouche

LE MUR DE LA PUDEUR
Un homme, la cinquantaine tranquille, me raconta une anecdote hautement significative de l'extrême pudeur régissant les rapports père-fils en Kabylie.
- Sur le chemin de notre maison, je vis mon père, 75 ans, en train de retourner le sol pour la pomme de terre. Je le rejoignis pour lui donner un coup de main. Je pris la pioche et commençai a soulever la terre et enlever les mauvaises herbes. Soudain, je vis mon paquet de cigarettes tombé au sol, j'avais oublié de fermer la poche intérieure de ma jaquette. Je m'affolais, je jetais un coup d'œil furtif à mon père, il avait détourné la tête. Comme s'il n'avait rien vu.
- A t'il vu le paquet?
- C'est certain car il surveillait tous mes gestes. Mais il a détourné la tête juste au moment où je le regardais.
- Et après?
- Je pris le paquet et je quittai les lieux. Ça y est, la gêne s'était installée. Mon père ne savait pas que je fumais, jamais je ne fumais à la maison, même si j'étais seul, de peur qu'il sente la fumée à son arrivée. Il ne me dit absolument rien plus tard, mais j'ai senti comme une ombre dans sa face pendant plusieurs jours.
En Kabylie, il y a une pudeur incommensurable entre un père et son fils. Il est inutile de dire que la sexualité, l'amour, tout ce qui relève de la tendresse, du sentiment et de l'affect en général sont du domaine de l'imprononcé. On n'en parle jamais, on ne les effleure même pas. Même les sujets voisins sont soigneusement évités de peur qu'ils conduisent à la lisière du tabou. Mais il y a aussi une retenue qui affecte tous les aspects de la vie quotidienne. Un fils ne s'assoit jamais à la tadjmaath quand son père y est installé, il n'entre jamais au café, au restaurant, au bar s'il apprend que son géniteur s'y trouve. Si le fils y est déjà et que le père franchit la porte, le fils sort.
Le père et son fils vivent souvent dans la même maison, dans la meme elharra, mais ils ne se connaissent pas. Aucun ne connait l'âme profonde de l'autre, ses amours, ses envies, ses rêves, ses souffrances les plus vraies. Chacun d'eux présente à l'autre sa face élaguée sévèrement par les mœurs, les coutumes, le long héritage de domination de l'aïeul.
Il y a souvent, entre des êtres de la même chair, des murs infranchissables.
DANS LES BRAS D'UN ARBRE...
Plus que jamais, alors même qu'elle est démultipliée, immédiate et largement amplifiée par les médias sociaux, la pensée autonome est menacée. Menacée partout, même dans ses plus évidents sanctuaires.
Je pense donc je suis, disait Descartes, faisant de cette faculté singulière le socle même de l' humain. Mais son aphorisme, de nos jours, pourrait s'enoncer -Je pense donc tu es-, car ce mouvement de l'esprit sert à adouber, chez toutes les nations, l'opinion dominante, celle qui a l'argent, celle qui a le pouvoir, le pouvoir des armes, le pouvoir de la parole, le pouvoir de disposer des autres...
On est sommé de penser pour ou contre, la réflexion autonome est donc vaine, stérile, infatuée. Nous ne sommes jamais nous mêmes, car pervertis par ce dualisme pernicieux. Peut on y échapper du moins momentanément?
Les arbres, témoins robustes et pérennes sont des compagnons précieux. Ils parlent le langage du silence, le langage de l'âme. Devant eux, les turbulences intérieures se calment, comme les vagues de la mer à l'approche du rivage. Ils nous permettent cette écoute intime qui se perd souvent, hélas, dans la cacophonie ambiante et la ronde turbulente des jours.
Dans les bras d'un arbre, on s'évade à l'intérieur de soi, on se retrouve...
QUITTER LES SENTIERS BATTUS
En Algérie ou ici à Montréal, j'aime quitter les espaces clos, franchir les chemins balisés, tracés, sécurisés et m'aventurer au-delà, dans les endroits peu foulés où la vie diverse palpite, surprenante et indemne. J'aime arpenter les collines peuplées d'arbres, monter sur les rochers qui jettent un défi au pied agile, me perdre sous les ramures des arbres et le clair-obscur des sous-bois. Je ne trouve guère de plaisir à marcher en meute domestiquée d'un pas docile, régulier, obéissant et regardant de loin les arbres avec des yeux éteints.
Il est beaucoup plus ardu de franchir les sentiers battus de la pensée car les injonctions, les interdits, les lourds regards silencieux dressent une barrière sévère autour de nos écrits et de nos paroles. L'interdit le plus fort est toujours muet, subliminal. N'étant pas formulé, il ne rencontre aucune barrière lors de son cheminement dans notre intérieur et s'installe en nous subrepticement pour effectuer son travail d'assujettissement des idées à la source même de leur jaillissement.
Et surtout rendons nous compte que ce ne sont jamais nos adversaires qui exercent sur nous la censure la plus rigide, mais nos amis. Car le chantage muet auquel toute amitié, même virtuelle, nous soumet est le frein le plus puissant à notre liberté de parole.
Pour freiner notre liberté, le regard d'un ami est plus efficient que les cris d'un adversaire
LE VOILE N'EST PAS UNE LIBERTÉ
Tant de femmes de par le monde sont obligées de cacher le symbole le plus flamboyant de leur féminité, leur plus bel atour.
Tant de femmes de par le monde sont menacées par les pouvoirs politiques et religieux, la fratrie, le clan, le regard lourd des proches, les paroles venimeuses de certains prêcheurs.
Tant de femmes ont reçu des coups, des insultes, des grossièretés, certaines croupissent dans les geôles. D'autres ont été assassinées.
Celles et ceux qui revendiquent le voile comme un choix personnel, et qui vivent dans les pays occidentaux où ce choix est possible grâce à la laïcité, devraient jeter un regard vers ces territoires où leurs sœurs subissent le diktat du voile OBLIGATOIRE.
Même porté par choix, le voile traîne derrière lui, comme la queue de la comète, la peur de l'enfer distillée sans cesse, le sang versé, les visages vitriolés, les crachats des voyous illuminés, les cris étouffés dans les profondeurs des geôles... Et cet écrasement sans pitié de la beauté.
Le voile n'est pas une liberté, mais un instrument de mise à mort de la liberté.

Mustapha Amarouche

ALGER, UN SOIR DE PLUIE...
SOUS LA PLUME ENCHANTÉE DE NASSIRA BELLOULA
...Le soir tombait. Il filait ses nœuds bleuâtres au dessus des terrasses plongées dans des brumes vaporeuses. La pluie arriva, fine bruine à peine perceptible, puis éclatèrent les orages, dévalant dans l'obscurité, s'épaississant de plus en plus jusqu’à se confondre avec la nuit. Le frimas avait chassé les derniers passants, seules restaient sur les trottoirs les ombres belliqueuses des lampadaires. Le vent se leva à son tour et se mit à souffler sur les eaux glacées qui tanguaient à présent dans les airs , se rabattant sur les murs en rafales...
Nassira Belloula est une écrivaine algéro-québécoise. Elle a une façon de rendre compte de la réalité propre aux plus grands écrivains. Les mots chez elle s'habillent de poésie, de sensualité, de rêveries, et parfois de la violence crue, poussée à son stade extrême. Elle a le don de nous immerger totalement dans son monde enchanté, parfois cruel. Quand on ouvre un de ses romans, les bruits se taisent et les images s'estompent. Ne subsistent plus que notre éblouissement et l'envahissement de notre âme par les images qu'elles déroulent pour nous amener dans son monde, fascinés et impuissants sous le joug de son écriture.
IL FUME SEULEMENT SAMEDI ET DIMANCHE!
C'était un monsieur à qui je voulais céder ma place assise dans l'autobus. Visiblement fatigué, il se cramponnait de ses deux mains à la barre de maintien. Il était pâle, pas de cette pâleur passagère induite par un quelconque malaise. Il avait une teinte d'un jaune grisâtre qui semblait sourdre de l'intérieur, comme la patine sur du vieux fer.
Il déclina mon invitation.
- Quand je ne pourrai plus me tenir debout, je ne sors plus de chez moi!
Il tapota sa poitrine des doigts.
- J'ai 78 ans. Maladie pulmonaire chronique. Et j'ai aussi une pompe. Je ne fume plus, sauf samedi et dimanche.
Etonné, je dis:
-Pourquoi samedi et dimanche? pourquoi pas lundi et mardi, ou d'autres jours?
Il répondit:
-AAAH! À cause de mes amis. Je vis seul, je vais chez eux, et parfois ils viennent chez moi. On jase et on fume.
- Mais... Vous pouvez jaser avec eux sans que vous fumiez, vous.
- Mais non. Ce sont mes deux derniers amis. Quand on fume ensemble, c'est le fun! si je ne fume pas c'est comme impoli, ça jette un froid. Et peut être qu'ils ne reviendront plus...
Je compris. Cet homme fier au point de refuser une place assise tenait tellement à ses derniers amis qu'il était près à mettre en péril une santé déjà défaillante pour les garder.
Que ne ferait on pas pour les amis!
OISEAUX DES VILLES
Nous avons besoin de respirer, de lever les yeux pour voir le ciel bleu où courent les nuages et les oiseaux divers qui volent ou se reposent.
Ces colombidés sont issus en général de pigeons domestiques constituant au fil du temps des populations férales vivant en commensalité avec l'homme. La relation est mutuellement bénéfique. Le pigeon trouve en ville de l'alimentation, des abris sûrs sans prédateurs, des zones de repos, etc. Le bénéfice que tire l'humain est moins évident. Les fientes très riches en azote et autre nutriments des plantes se perdent dans le bitume et finissent dans les eaux.
Mais les oiseaux des villes délivrent un message subliminal.
Quand un humain, sortant de son travail de manufacture ou d'administration, lève les yeux au ciel et voit des oiseaux, c'est peut être le seul instant de sa journée, entre deux soucis de factures ou de tensions collégiales, où le mot beauté s'invite dans son esprit. Il se reconnecte au rêve atavique enfoui profondément : vivre en liberté et en joie.
C'est un instant précieux volé à ce monde d'argent qui le maintient dans les fers.
LES RACINES ET LES SOUVENIRS
Personne ne sait au juste pourquoi certaines racines d'arbres sortent de terre, en des endroits souvent inattendus, serpentent peu ou prou sur le sol avant de redescendre pour se perdre dans les profondeurs. On a beau tenter d'expliquer cela par d'éventuels besoins physiologiques (quête d'oxygène, recherche de nutriments organiques décomposés en surface?). Mais cela nécessite également la présence des racines fines en symbiose avec les mycorhizes. Or celles qui se montrent ainsi sont nues, sans ces parties indispensables à l'absorption des nutriments. Alors pourquoi sortent elles de terre, sans aucun bénéfice évident?
Il en est ainsi des souvenirs. Ils remontent parfois à la surface de notre conscience, en fulgurances imprévisibles, puis repartent dans les profondeurs de l'oubli. Mais ces souvenirs ne viennent pas seuls, libres, détachés, désincarnés. Ils amènent avec eux les images, les odeurs, les personnes, les contenus affectifs, les paysages dans lesquels ils ont pris vie. Ils se présentent accompagnés de tout la part d'existence avec laquelle ils ont été ensevelis dans les tréfonds de notre mémoire.
Mieux encore : ces souvenirs en reviviscence apportent avec eux notre moi originel, et notre être de la période de souvenance prend la place de notre personne d'aujourd'hui. Et l'espace d'un instant , fugace mais réel, nous redevenons la personne qu'on a été, et on voit le monde d'aujourd'hui avec les yeux d'alors.
Les racines des arbres et les souvenirs, racines humaines, se ressemblent, il y a en eux une petite portion visible et une grande part de mystère.
Photo: Montréal, 20 Août 2022.
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LA MORT BRÛLANTE
Les incendies en Algérie ont causé la mort d'au moins 38 personnes et la perte de milliers d'hectares de forets, maquis, arbres fruitiers. Plus d'une centaine de feux se sont déclarés, favorisés par la chaleur caniculaire et les vents violents qui ont facilité la mobilité des flammes. La région d' El Tarf à l'est du pays, fortement boisée, a été la plus tragiquement touchée.
La majorité des incendies ont été maitrisés.
Mais le feu menace toujours.
Solidarité avec les combattants du feu, les pompiers, les volontaires, les citoyens, l'armée.
Le maitre mot reste la prévention:
-Défrichement aux abords des maisons,
-Désherbage des parcelles,
-Pistes pare-feu,
-Plantations de rangées de figuiers de barbarie,
-Sensibilisation sur les déchets de verre et de métaux qui , exposés au soleil, peuvent causer des départs de feu,
-Alerter sur la dangerosité des mégots de cigarettes jetés au hasard,
-Interdire les feux de débroussaillage en été qui, souvent hélas, ne sont jamais complètement éteints quand le propriétaire part à la maison. Il reste souvent de la cendre chaude qui peut repartir en combustion.
Compassion pour le sort de la population impuissante devant le monstre infernal qui avance, encouragé partout par le réchauffement climatique et qui souvent dévore les humains et les animaux dans la plus atroce des souffrances.
QUAND LA NATURE SE FAIT ARTISTE
C'est une lydienne, de la famille des libellules. Elle fut difficile à photographier car elle fuyait dès que je m'approchais. C'est un mâle, la femelle est beaucoup moins belle.
La lydienne passe plusieurs années dans l'eau sous forme de larve, puis vit 36 jours à l'air libre sous la forme d'imago. De ces 36 jours, elle en passe 18 dans son site de reproduction. La relation sexuelle dure 3 secondes et la femelle fécondée pond jusqu' à 1000 œufs.
Cette lydienne se chauffe au soleil tout en gardant un œil sur les proies de passage qu'elle surprend par sa vitesse.
La lydienne est très répandue au Québec.
Photo 31 juillet 2022
LA GRANDE MISÈRE DES AMAZIGHS MAROCAINS
Il y a quelques temps, j'ai discuté avec un immigrant marocain rencontré lors d'une séance de formation. Ce père de de famille est venu avec femme et enfants au Québec. Il était enseignant au Maroc. Il m'a dit ceci:
- Quand j'ai terminé ma formation en enseignement, j'ai postulé pour avoir un emploi. J'ai accepté un poste dans un village amazigh dans la campagne marocaine. Quand j'y suis allé, les villageois m'attendaient à plusieurs kms du village, car il n'y a avait pas de route. Ils étaient venus avec des ânes pour transporter mes bagages.
C'était éprouvant comme voyage. Quand je suis arrivé au village, les habitants me rassurèrent et me dirent qu'ils s'occuperont de mes achats, des mes approvisionnements en eau, etc. L'essentiel est que je reste pour enseigner à leurs enfants.
Les habitants vivaient dans un dénuement total. Pas d'eau courante, pas d'électricité, pas de route, pas de dispensaire, même pas d'ambulance en cas d'urgence. Il y avait un seul poste de télévision à batterie dans le village et le propriétaire l'amenait à la place du village pour les matchs de football. J'ai vu de mes propres yeux la misère absolue-
PS: images tirées de la page de Michele Jullian et ceux qui ne croient pas à l'intensité de cette misère peuvent visiter sa page.
L'ISLAMOLOGUE SAID DJABELKHIR CONDAMNÉ À 3 ANS DE PRISON FERME VAGUE D'INDIGNATION DANS LES RESEAUX SOCIAUX.
On ne met pas la pensée en prison. Chacun a le droit inaliénable de réfléchir, d'exprimer ses idées pour autant qu'elles n'appellent pas à la violence ni ne portent atteinte à des personnes.
Said Djabelkhir est un intellectuel, islamologue, soufi. Il a livré ses interprétations hardies sur les textes islamiques, sur les rites, secouant le palmier de l'orthodoxie religieuse. On peut ne pas être en accord avec lui, mais l'affrontement devait se faire sur le terrain académique à l'université, sur un plateau de télévision, dans un café littéraire. Pas dans un tribunal.
Provoquant l'extase des islamistes, partisans de la noirceur, cette condamnation a été largement dénoncée sur les réseaux sociaux par les algériennes et algériens acquis à la modernité et la démocratie.
Cette condamnation de Said Djabelkhir montre clairement que l'Algérie est plus que jamais divisée en deux: une Algérie islamiste ancrée dans les ténèbres, hors du temps et cultivant la haine des libertés et une Algérie aspirant à la modernité, aux libertés individuelles et collectives, et aspirant à faire partie du monde.
À noter que Said Djabelkhir n'est pas sous écrou, il pourra déposer son recours en liberté.
L'ISLAMOLOGUE SAID DJABELKHIR CONDAMNÉ À 3 ANS DE PRISON FERME
VAGUE D'INDIGNATION DANS LES RESEAUX SOCIAUX.
On ne met pas la pensée en prison. Chacun a le droit inaliénable de réfléchir, d'exprimer ses idées pour autant qu'elles n'appellent pas à la violence ni ne portent atteinte à des personnes.
Said Djabelkhir est un intellectuel, islamologue, soufi. Il a livré ses interprétations hardies sur les textes islamiques, sur les rites, secouant le palmier de l'orthodoxie religieuse. On peut ne pas être en accord avec lui, mais l'affrontement devait se faire sur le terrain académique à l'université, sur un plateau de télévision, dans un café littéraire. Pas dans un tribunal.
Provoquant l'extase des islamistes, partisans de la noirceur, cette condamnation a été largement dénoncée sur les réseaux sociaux par les algériennes et algériens acquis à la modernité et la démocratie.
Cette condamnation de Said Djabelkhir montre clairement que l'Algérie est plus que jamais divisée en deux: une Algérie islamiste ancrée dans les ténèbres, hors du temps et cultivant la haine des libertés et une Algérie aspirant à la modernité, aux libertés individuelles et collectives, et aspirant à faire partie du monde.
À noter que Said Djabelkhir n'est pas sous écrou, il pourra déposer son recours en liberté.
LE DERNIER APPEL D’UNE MÈRE
Une petite maison kabyle au fil du temps qui s'égrène dans le rythme presque immuable des saisons. Le poids serein des siècles est maître du temps et des lieux. Une vieille femme sent le froid de la mort monter doucement, mais inexorablement le long de ses jambes. Jadis véloces, ces jambes l'ont portée partout le long des collines, des adrets brûlants et des ubacs frais, le long des sentiers abrupts bordés de buissons d'arbousiers et de lentisques. Elles ont supporté pendant tant d'années la charge des olives et du bois de chauffage.
Allongée sur son lit, le parcours de sa vie défile dans sa mémoire convoquée dans les derniers instants. Ses parents disparus viennent la visiter chaque nuit. Elle se voit courir, enfant, dans les ruelles, ou parmi les fleurs innombrables des prés. Elle entend ses rires d'insouciance, de joie inaltérable de vie promise à l'éternité. Elle voit cette petite fille qu’elle a superbement été, son mariage, ses enfantements dans la douleur, la lutte quotidienne pour élever ses enfants, et le dénuement qui menaçait, toujours…
Son fils Ahmed, lui manque. Depuis qu'il est parti en France, il n'est plus revenu. C'est un amjah, comme on dit. Année après année, elle espérait le voir un jour sur le seuil de la maison. Elle lui a pardonné de l'avoir privée de sa face chérie. Il lui envoyait de l'argent mais c'est son visage qui lui a toujours manqué. Elle l'aime comme seule la chair peut aimer sa propre chair. Elle éprouve un désir tenace de le revoir, revoir son visage, promener ses mains sur son front, avant que ses yeux se ferment à jamais. Elle ne peut partir comme ça, dans la déchirure avec l’être aimé, dans l'atroce douleur de la solitude.
Elle perd ses forces, elle sent que bientôt Celle qui a raison de tout l'emportera dans son fleuve immense où tout devient vanité.
Un jour, vers l'heure d’azouzwou, quand le soleil déclinant accorde sa clémence dans la brise vespérale, on la voit sortir péniblement de sa demeure. Elle vient à la tajmaath. Les hommes assis sur les dalles de granit se taisent, apeurés et fascinés par cette mort ambulante. Elle dirige sa face diaphane vers le nord, appuyant ses mains sur le tronc du micocoulier séculaire.
Elle crie trois fois le nom de son fils bien aimé, de toute la force de ses derniers souffles.
-Ahmedh! Ahmedh! Ahmedh!
L'écho de son appel se répercute à travers les collines où le vent gémit en battant les pins sylvestres et les oliviers. Trois fois, ce vent furieux semble dévorer l’appel de la mère.
La vieille femme retourne chez elle. La mort la suit comme une ombre.
Huit jours plus tard, le village est surpris de voir son fils arriver. Pâle, répondant brièvement aux saluts, il va au chevet de sa mère. Elle ouvre ses yeux.
- Je savais que tu viendras.
Elle tend les mains, le touche, caresse sa tête.
- Merci mon enfant. Je peux m'en aller tranquille maintenant.
Plus tard, les gens questionnent Ahmed.
Il marchait dans une rue de Paris et il entendit, noyé dans une sorte de vent lointain, un appel. Trois fois le cri désespéré, par-delà les hautes montagnes et la mer si vaste, avait retenti. Trois fois, il se retourna sur le trottoir bondé de vie urbaine, le cœur battant. Il ne vit personne.
Mais il avait entendu l'appel.
Il avait reconnu la voix.
Et il savait ce qui lui restait à faire.
LE DERNIER APPEL D’UNE MÈRE
Une petite maison kabyle au fil du temps qui s'égrène dans le rythme presque immuable des saisons. Le poids serein des siècles est maître du temps et des lieux. Une vieille femme sent le froid de la mort monter doucement, mais inexorablement le long de ses jambes. Jadis véloces, ces jambes l'ont portée partout le long des collines, des adrets brûlants et des ubacs frais, le long des sentiers abrupts bordés de buissons d'arbousiers et de lentisques. Elles ont supporté pendant tant d'années la charge des olives et du bois de chauffage.
Allongée sur son lit, le parcours de sa vie défile dans sa mémoire convoquée dans les derniers instants. Ses parents disparus viennent la visiter chaque nuit. Elle se voit courir, enfant, dans les ruelles, ou parmi les fleurs innombrables des prés. Elle entend ses rires d'insouciance, de joie inaltérable de vie promise à l'éternité. Elle voit cette petite fille qu’elle a superbement été, son mariage, ses enfantements dans la douleur, la lutte quotidienne pour élever ses enfants, et le dénuement qui menaçait, toujours…
Son fils Ahmed, lui manque. Depuis qu'il est parti en France, il n'est plus revenu. C'est un amjah, comme on dit. Année après année, elle espérait le voir un jour sur le seuil de la maison. Elle lui a pardonné de l'avoir privée de sa face chérie. Il lui envoyait de l'argent mais c'est son visage qui lui a toujours manqué. Elle l'aime comme seule la chair peut aimer sa propre chair. Elle éprouve un désir tenace de le revoir, revoir son visage, promener ses mains sur son front, avant que ses yeux se ferment à jamais. Elle ne peut partir comme ça, dans la déchirure avec l’être aimé, dans l'atroce douleur de la solitude.
Elle perd ses forces, elle sent que bientôt Celle qui a raison de tout l'emportera dans son fleuve immense où tout devient vanité.
Un jour, vers l'heure d’azouzwou, quand le soleil déclinant accorde sa clémence dans la brise vespérale, on la voit sortir péniblement de sa demeure. Elle vient à la tajmaath. Les hommes assis sur les dalles de granit se taisent, apeurés et fascinés par cette mort ambulante. Elle dirige sa face diaphane vers le nord, appuyant ses mains sur le tronc du micocoulier séculaire.
Elle crie trois fois le nom de son fils bien aimé, de toute la force de ses derniers souffles.
-Ahmedh! Ahmedh! Ahmedh!
L'écho de son appel se répercute à travers les collines où le vent gémit en battant les pins sylvestres et les oliviers. Trois fois, ce vent furieux semble dévorer l’appel de la mère.
La vieille femme retourne chez elle. La mort la suit comme une ombre.
Huit jours plus tard, le village est surpris de voir son fils arriver. Pâle, répondant brièvement aux saluts, il va au chevet de sa mère. Elle ouvre ses yeux.
- Je savais que tu viendras.
Elle tend les mains, le touche, caresse sa tête.
- Merci mon enfant. Je peux m'en aller tranquille maintenant.
Plus tard, les gens questionnent Ahmed.
Il marchait dans une rue de Paris et il entendit, noyé dans une sorte de vent lointain, un appel. Trois fois le cri désespéré, par-delà les hautes montagnes et la mer si vaste, avait retenti. Trois fois, il se retourna sur le trottoir bondé de vie urbaine, le cœur battant. Il ne vit personne.
Mais il avait entendu l'appel.
Il avait reconnu la voix.
Et il savait ce qui lui restait à faire
LA LAÏCITÉ KABYLE Dans un village kabyle, la séparation du profane et du religieux est consubstantielle à son identité profonde, mais elle définit également son rapport au monde.
L'amravedh ou cheikh taddarth s'occupe des choses du culte, seulement. Il conduit la prière à la mosquée, participe aux rituels mortuaires et aux cérémonies de mariage. Il rappelle à l'occasion, à l’intérieur de la mosquée, quelques règles de bonne conduite. Il n’a aucun pouvoir autoritaire sur les personnes et la cité.
La religion n'est pas le fondement de la morale. Elle ne constitue donc pas une valeur dominante. Chaque habitant est dépositaire du nom de sa famille, comme héritage infrangible, à embellir et préserver de toute souillure. Son comportement obéit au code d'honneur et aux règles édictées par les sages du village.
La valeur sociale d'une personne ne dépend aucunement de sa religiosité. Il peut être non croyant et jouir, de par ses actions, d'un grand prestige. Il peut être religieux assidu à la mosquée et occuper dans l'opinion générale une piètre position.
L’islam coexiste avec les croyances millénaires, pérennes et vivantes. Les kabyles croient aux esprits veilleurs, bienveillants et accompagnateurs, qui vivent dans un monde parallèle, le monde de l'invisible.
Le kabyle a, dans son rapport à la religion, une liberté précieuse qui peut servir de modèle au monde en cette période où fleurissent les doutes, où la surenchère religieuse menace les libertés chèrement acquises.
La laïcité est la mère de toutes les libertés et une condition irréfragable pour la dignité. Et cela, les kabyles l'ont compris depuis longtemps.
DRAME AU CANADA. Victime de la violence des gangs
DU RÊVE À LA TRAGEDIE
Meriem Boundaoui, jeune algérienne de Bejaia, est arrivée, il y a deux ans, au Canada où vivent déjà ses deux sœurs ainées. Elle voulait continuer ses études et vivre dans un pays de liberté. Elle était une bonne élève qui aimait la vie, selon une ancienne enseignante algerienne.
Il y a quelques jours, une fusillade a éclaté au coin de la rue Jean Talon/Valdombre, à proximité du stationnement d'une boulangerie. La fusillade semblait, selon la presse, être le fait de gangs de rues, ces bandes de jeunes et moins jeunes liées au crime organisé. Meriem fut mortellement touchée par balles.
Elle n'avait rien à voir dans cette affaire. Elle était une victime collatérale de cette violence qui gangrène les villes nord américaines.
Meriem sera rapatriée en Algérie pour être enterrée parmi les siens. Ses sœurs sont inconsolables. Elles se sont recueillies à l'endroit encore taché par le sang de leur sœur qui a rougi la neige. Larmes et cris expriment toute la tristesse de cette famille entourée de la communauté compatissante.
Du rêve à la tragédie, tel est le destin de Meriem Boundaoui.
Sgunfu dhi thalwith.
L'ISLAMISME FRAPPE EN FRANCE : UN ENSEIGNANT DECAPITÉ
Un professeur d'histoire a été décapité dans la rue par un homme d'origine tchétchène. Ce meurtre atroce survient après un conflit entre certains parents d'élèves et l'enseignant qui a montré les caricatures du prophète Mohamed à ses élèves, dans le cadre d'un cours sur la liberté d'expression. Il a provoqué la consternation en France avec un retentissement international.
L'islamisme, mutation politique de la religion musulmane, est présent en force dans les pays occidentaux. Il est de plus en plus offensif à mesure que croit sa force, de plus en plus pesant sur la société qu'il combat, doucement parfois, mais avec la même détermination. Il agit, parfois avec fracas, souvent en silence mais toujours avec le même objectif: le règne de la charia islamique sur toute la Terre.
Il est opposé frontalement avec la démocratie, la liberté, la modernité. Terriblement malin, opportuniste professionnel, l'islamisme utilise la liberté d'exister pour anéantir la liberté des autres. Il use de la démocratie pour la tuer. Empêtrée dans ses lois, la démocratie occidentale s'avère impuissante, elle lui tend la gorge, victime de sa non-stratégie et du populisme de ses gouvernants.
L'islamisme fait un travail de longue haleine, notamment auprès des enfants dans les mosquées, dans les associations, dans les salles de sport, dans la rue, dans les cafés. Partout il est présent, jouant avec la problématique identitaire, exacerbant les conflits raciaux, usant de la misère, de la nostalgie, de la discrimination dont il fait son carburant idéologique. Les enfants sont sa cible préférée, il remplit leurs âmes innocentes et vierges de haine des autres et de terreur de l'enfer. Les jeunes enfants terrorisés, conditionnés, enrôlés, se retrouvent prisonniers à perpétuité de cette idéologie mortelle.
L'islamisme prépare doucement son armée qu'il lancera à l'assaut le moment venu, quand il sera certain de ses forces. En face, une société désemparée, tétanisée, et une masse de musulmans victimes collatérales, abasourdis par cette guerre menée en leur nom et à laquelle ils n'adhèrent pas.
Et des hommes politiques qui font des discours populistes pour gagner les élections.
Paix à l'âme de cet enseignant.

MOISE ET JESUS EN TERRE D'ISLAM
En Algérie, les noms de Moise et de Jésus sont sacrés et respectés, ils ne sont évoqués qu'avec la formule de salutations qui leur est due. On ne parle d'eux qu'en bien. Athées et musulmans partagent cette vénération héritée du passé.
Beaucoup de personnes portent le prénom de Jésus ( Aissa), de Moise (Moussa), Joseph (Youcef), Marie ( Mariam), Jean (Yahya), Jacob (yacoub), David ( Daoud) etc. Les noms des personnages bibliques du judaïsme et de la chrétienté sont également donnés à des villages et des villes. On trouve en Algérie la ville de Sidi Aissa (Seigneur Jésus) ou bien Taourit Moussa ( la colline de Moise), Sidi Moussa (Seigneur Moise). Une mosquée porte le nom de Vava Moussa ( Père Moise).
Il y a quelques décennies, le christianisme s'est réinstallé en Algérie. S'ajoutant aux églises et cathédrales existantes déjà auparavant, de nouvelles chapelles et salles de prière ont vu le jour. Pour une société qui était en proie à l'unicité politique et religieuse et fruit d'une longue guerre d'indépendance, l'émergence d'une religion autre que l'islam s'est plutôt bien passé. Les convertis et nouveaux adeptes du Christ n'ont pas été inquiétés par les musulmans, même si certains disaient leur incompréhension devant ce phénomène. Il n'y a jamais eu d'agression contre des convertis. Il y a même eu un rassemblement de soutien de musulmans au profit de deux chrétiens accusés de faire du prosélytisme et qui ont été relâchés par la suite.
Doucement mais surement, la multiplicité religieuse est entrée dans les mœurs.
La tolérance, parfois, se trouve là où on l'attendait le moins. 29 octobre 2020.

TUNISIE: LA RÉVOLUTION DU JASMIN AGONISE DANS L'ISLAMISME.
La révolution tunisienne, qui a fait tomber le dictateur Ben Ali, a échoué, inévitablement et lamentablement, dans les marécages de l'islamisme. Le parti islamiste Ennahda au pouvoir vient de donner la preuve que l'islam politique ne peut enfanter que la dictature.
Il vient de condamner une blogueuse tunisienne à 6 mois de prison ferme pour crime de lèse-islam. Emna Chargui avait publié, sur sa page Facebook, un post satirique incitant à se protéger du Coronavirus, rédigé sous forme de verset coranique. Cela avait suffi pour qu'elle soit convoquée, jugée et condamnée. Entre temps, elle avait reçu des milliers de menaces de mort, de viol, de condamnations infernales. Toutes ces menaces, le pouvoir ne les a pas vues.
Il était inévitable qu'une révolution infiltrée par les islamistes aboutisse à une situation pire que la dictature précédente. L'islam politique ne peut garantir les libertés, il est là pour les écraser et soumettre les corps et les esprits.

L'islam politique est un cimetière des libertés et une fabrique de malheurs.


 CHERIFI : UNE ÉCRITURE DE HAUT VOL
quand on lit Laakri Cherifi, on est impressionné par l'agencement impeccable de ses mots, la précision de sa sémantique, la fluidité de son cours, la pertinence de ses idées, la beauté intrinsèque contenue dans ses textes et le souffle poétique qui s'en dégage.
Elle vient de publier une oeuvre majeure sur les chanteuses kabyles. C'est un livre dense, savant, qui interroge à la fois l'histoire, la sociologie, la poésie et la musique sur une longue période depuis les balbutiements du chant féminin jusqu'à aujourd'hui. Un livre très instructif, bien écrit où l'auteure a mis toute sa sensibilité et son gout de la précision.
On y découvre les chanteuses avec leurs histoires personnelles, leur entourage familial, leur milieu de vie. Chrifa, Djamila, Nouara, Nora, et tant d'autres ont dû s’exiler du village vers la ville, de leur communauté vers l'inconnu, de leurs quartiers vers la place publique. Elles ont gagné la liberté de chanter, mais l'ont payée chèrement en perdant leurs familles qui les ont souvent reniées. Elles ont perdu leurs noms pour n'être plus que des prénoms légers sans filiation et sans âme. Mais elles ont libéré la parole des femmes qui, auparavant, n'était qu'un souffle inaudible, un murmure dans les patios et les arrières cours, à l'ombre du mâle dominant.
Ces illustres pionnières ont posé les premières pierres de la chanson féminine kabyle. Beaucoup de jeunes chanteurs d'aujourd’hui reprennent leurs chansons mot à mot et leurs mélodies sans même les citer. Le cas de Cherifa est édifiant.
Laakri cherifi est docteur en lettres modernes et cinéma. Elle est enseignante, écrivaine, chroniqueuse, scénariste et sémiologue de cinéma, Laakri Cherifi poursuit depuis quelques années des recherches sur le cinéma maghrébin, français et américain, ainsi que l’histoire des Berbères en Afrique du Nord.
BRAVO LAAKRI CHERIFI!

UN AN DE PRISON FERME POUR AMIRA BOURAOUI

Amira Bouraoui, gynécologue, militante de la démocratie est condamnée à un an de prison ferme. Au delà de sa souffrance personnelle et celle de ses enfants orphelins de sa présence, il y a cette intolérable atteinte à la pensée et à la libre expression.

Cette terre algérienne est 'Terre des femmes', elle est pavée de noms de toutes celles qui, depuis des millénaires, ont participé ou conduit la résistance aux invasions. Kahena, Fadhma N'soumer, Zoulikha Oudai, Hania El Hourra, Djamila Bouhired, Hassiba Ben Bouali, Zohra Drif et tant d'autres ont laissé leurs noms à la postérité.

Depuis l'indépendance, d'autres femmes ont pris le relais pour dire non à l’oppression, non à la pensée unique, non à l'islam politique qui ambitionnait de faire disparaître l’Algérie en tant que nation et société pour installer la charia islamique. Quels que soient leurs itinéraires personnels, ces héroïnes ont milité et continuent de le faire.

Louiza Hanoune, Nouria Benghabrit, Khalida Toumi, Leila Aslaoui, Zoubida Assoul et beaucoup d'autres ont apporté leur énergie à la lutte pour le meilleur.

À l'heure des réseaux sociaux, on se rend compte à quel point les femmes sont plus courageuses, plus déterminées, plus engagées dans les combats pour la démocratie et la liberté, toutes les libertés. Le cœur du mouvement populaire, le Hirak, est féminin. Elles s'expriment en poésie, en textes percutants, en littérature, en analyses fines et pertinentes, en courage et en lumière.

On peut mettre une femme en prison, mais ses idées demeurent libres.

PS: 'Terre des femmes' est le titre d'un roman de Nassira Belloula.


LE NOUVEL ANTI-RACISME EST UN RACISME DÉGUISÉ EN HUMANISME.

Abnousse Shalmani, écrivaine française d'origine iranienne

...Nous ne pouvons pas parler de racisme systémique en France car ce serait insulter la mémoire de ceux qui sont nés ailleurs qui ont fait la France. Hegesippe Jean Legitimus, premier et plus jeune député noir en 1898, mais aussi les Senghor, Houphouet Bogny...sans oublier Rama yade, Harlem Desir, Rachida Dati, Christiane Taubira et jusqu' à la porte parole du gouvernement actuel Sibeth Ndiaye, sont des figures publiques et légitimes...

... Une image m'a particulièrement glacée : lors de la manifestation de soutien à Adama Traoré, un policier français noir se fait harceler par la foule qui lui crie 'vendu! t'as pas honte?' ... Reprocher à un homme noir d’être policier équivaut exactement d'interdire à un homme noir l’accès à la députation, à un bar ou un mariage sous prétexte de sa couleur....

...Sous entendre que tout blanc est mauvais... et que tout noir est victime, c'est réduire tous les hommes...

...Tous les habitants de banlieue ne sont pas des voyous, tous les noirs ne sont pas dealers, tous les blancs ne sont pas riches et racistes...

...L’ascenseur social est en panne, qui ralentit l’accès des non bourgeois aux postes de pouvoir et pérennise un système de castes qui se joue dès la maternelle....

...Combattre le racisme en utilisant un vocabulaire raciste n'est pas de l'antiracisme, mais le renouveau de la ségrégation...

...La culture française est assez solide pour résister à la déferlante anti-raciste qui n'est qu'un racisme déguisé en humanisme...

Abnousse Shalmani est née en Iran sous le régime islamique instauré par khomeiny. Elle est arrivée en France à huit ans sans parler français. Elle est opposée au féminisme islamique qui défend le voile au nom de la liberté: ''non, il n'y a rien de honteux, de répréhensible, de sale dans un corps de femme. Il n'y a rien dans ce corps qui justifie de lui imposer un code vestimentaire, […] de le recouvrir de pudeur tout en se réclamant de la liberté''
Abnouse Shalmani a une voix grave dans un corps mince. Ses doigts fins et nerveux accompagnent son débit de parole, fluide et continu, les mots semblent lui venir sans efforts. Elle vit en métèque, comme 'une liberté qui flotte', libre du passé qui reste en mémoire, avec un amour total de la langue française et de la littérature, 'le seul pays d'où on ne peut pas me virer'.


LAISSEZ LES PARLER, LAISSEZ LES VIVRE !

Dans ce reportage tant décrié, des jeunes filles et garçons ont osé parler sans mettre la muselière de l'hypocrisie. Ils ont osé dire leurs rêves échoués dans le carcan de l'unanimisme, leurs fraîche jeunesse prise dans les rets des interdits. Ils ont exprimé leur amertume, leur désespoir d’être dans un pays où la vie est circonscrite dans le cercle étroit du halal et du haram.

Ils ont parlé de leurs pulsions de vie enfouies profondément dans notre inconscient collectif par la peur du qu'en dira-t-on, la peur des oreilles faussement chastes, la peur de l'enfer d'ici et de l'au-delà. Ils ont osé prononcé les mots interdits: sexe, alcool, embrasser... Sacrilège! Crime abominable!

Et ils ont parlé en français, en très bon français, ce butin de guerre Katebien, une langue nationale que certains continuent encore de nier, voire de criminaliser.

Ces jeunes qui ont parlé sont le vrai Hirak, le Hirak de celles et ceux qui veulent la liberté de vivre, de boire et de manger ce qu'ils veulent, de croire ou de ne pas croire, de briser le cercle des interdits séculaires dressés par le fanatisme et la tradition.

Il est certainement plus facile d'abattre un homme, un système même que de briser les murs des prisons mentales. Beaucoup de peuples l'ont appris à leur dépens en se retrouvant, après leurs révolutions, dans des situations encore plus affligeantes. Les cas de l'Iran, de l'Egypte, de la Tunisie, devraient servir de leçons universelles.

Pour être un moteur des libertés, d'un avenir meilleur pour toutes les algériennes et algériens, le mouvement populaire ne peut faire l'économie de la clarification idéologique afin qu'il neutralise les porteurs d'obscurité. Car, tels des hyènes qui ont senti le sang de la bête blessée, les islamistes sont à l’affût. Leurs réactions envers ces jeunes sont très révélatrices de leur volonté non amendable de réprimer les libertés les plus élémentaires.

À ces jeunes qui ont parlé, bravo! Vous êtes l’espoir.


UN ISLAMISTE S'ATTAQUE À UNE FRESQUE.

Quand la beauté aura disparu de ce monde, que restera t'il? À quoi sert il de vivre, est il encore possible de sourire à l'éveil du jour? Quand toutes les lumières seront éteintes, à quoi bon même se lever les matins?

Un monde sans femmes, sans chevelures, sans fresques, sans musiques, sans rien. Rien. Rien que le silence dans la vaste obscurité ou on n’entendra plus que les complaintes lugubres de la mort?

Abou Pinceau a effacé à la peinture le visage féminin de cette fresque d'une rue de la capitale algérienne. Il a purifié la rue de la beauté qui la souillait.

- Il faut effacer les yeux- lui lance son ami portant une barbe.

Ah! Ces yeux, ces yeux de femme qui osent regarder! Ces yeux criminels qui osent s'approprier le monde. Il faut les fermer!

-Nous avons fait cela pour Allah tout puissant- disent ils à la fin de leur acte purificateur.

Ils rêvent de tout effacer, d'instaurer la charia islamique, puis de tout faire pour aller vivre en France ou au canada.

Les monstres sont parmi nous.

Un imam laïc et moderne
Ce n'est pas seulement son apparence qui bat en brèche les clichés rédhibitoires de la laideur sacralisée. Car Hocine Drouiche, imam de Nîmes, est bel homme, sans chéchia superfétatoire sur la tête, sans tache sombre au front, sans barbe hirsute, et surtout sans cette haine sacerdotale qui gît, menaçante, dans le regard de certains de nos dévots et qui part comme une balle à la vue de la liberté ou de la beauté en mouvement.

Ses idées sont des vagues de fraîcheur dans les miasmes délétères de la sous-pensée islamiste arc-boutée dans la haine de la différence, l'ignorance élevée comme vertu, l'éro-misogynie pathologique, l’antisémitisme assumé. Est il l'hirondelle qui annonce le printemps dans ces aires de désolation mentale où les jeunes, empêchés de vivre par la barrière des interdits, demandent aux télé-prédicateurs la couleur des cheveux des vierges du paradis?

On voit très rarement un imam défendre les athées, la liberté de croire ou de ne pas croire, on voit très rarement un imam aller en Israël pour promouvoir la paix ou s’opposer résolument à l'islam politique. Hocine Drouiche est une exception courageuse en cette période où le monde musulman est vidé de son intelligence et piégé dans le cercle étroit du halal et du haram.


DEFI RELEVÉ:SUITE

'VASTE EST LA PRISON' D'ASSIA DJEBAR

...Longtemps, j'ai cru qu'écrire c'était mourir, mourir lentement. Déplier à tâtons un linceul de sable ou de soie sur ce que l'on a connu piaffant, palpitant. L'éclat de rire gelé. Le début de sanglot pétrifié.
Oui, longtemps, parce que, écrivant, je me remémorais, j'ai voulu m'appuyer contre la digue de la mémoire, ou contre son envers de pénombre, pénétrée peu à peu de son froid. Et la vie s'émiette; et la trace vive se dilue. Ecrire sur le passé, les pieds empêtrés dans un tapis de prière, qui ne serait pas même une natte de jute ou de crin, jetée au hasard sur la poussière d'un chemin à l'aurore, ou au pied d'une dune friable, sous le ciel immense d'un soleil couchant. Silence de l'écriture, vent du désert qui tourne sa meule inexorable, alors que ma main court, que la langue du père (langue d'ailleurs muée en langue paternelle) dénoue peu à peu, sûrement, les langes de l'amour mort; et le murmure affaibli des aïeules loin derrière, la plainte hululante des ombres voilées flottant à l'horizon, tant de voix s'éclaboussent dans un lent vertige de deuil- alors que ma main court...

Fatma Zora Imalayene, dite Assia Djebar est née le 30 juin 1936 à Cherchell, à une centaine de kilomètres à l’ouest d'Alger.Elle a enseigné à Alger, Rabat, à l’université de Louisiane et de New York. elle a été productrice de cinéma et écrivaine. Elle a été élue à l'académie française .
Rares sont les écrivains dont les mots reflètent à la perfection l'image, au point d'en paraître comme le prolongement émotionnel désincarné. Assia Djebar était passionnée d'être femme, mais femme non pas de la soumission, non pas du renoncement à elle même, mais femme du refus, femme du verbe car elle a repris la parole féminine confisquée, étouffée, qui ne s'exprimait jusqu'ici qu'en murmures, en plaintes silencieuses dans les patios, dans les arrières cours. Elle écrit comme elle respire, dans une narration non linéaire, en rebonds, suivant les courbes de ses émotions, de ses voyages intérieurs dans sa mémoire vouée au silence, mais qu'elle ressuscite par des arrachements, des plaintes, des cris qui résonnent dans la vaste prison des femmes.


'RUE DES TAMBOURINS' DE MARIE-LOUISE TAOS AMROUCHE

..Je garde le souvenir d'un sommeil déchiré, de loin en loin, par le sifflement du train dans la nuit. Depuis, où que je sois, dès qu'un train siffle, la nuit, je sens comme un fin poignard fendre mon âme, et ce sont les petites gares d'Afrique du Nord qui surgissent illuminées, avec leurs grands eucalyptus, leurs faux poivriers et leurs bouquets de géraniums, ces petites gares désertes, trop neuves et trop blanches sous le ciel vide.
Nous étions dix, en nous comptant tous. Et la grappe que nous formions ne m'avait jamais tant frappée par sa lourdeur et le serré de ses grains...

Taos Amrouche dans 'Rue des tambourins'.

Kabyle, chrétienne, écrivaine et chanteuse du répertoire ancestral venu du fonds des ages, Marie Louise Taos a vécu à la confluence de deux cultures, celle de ses parents kabyles chrétiens et la culture française. Une dense trame émotionnelle issue de son déchirement et de son ouverture aux quatre vents habite ses mots finement ciselés. Sa voix, quand elle déclame les chants transmis par sa mère, charrie cette volonté typiquement kabyle, cette force de vivre, d'exister encore et toujours, dans la joie comme dans le malheur. La voix de Taos rejoint les berceuses et les clameurs des temps anciens.

EN KABYLIE, LE FIGUIER POUSSE PARTOUT...

C'est un arbre d'une rusticité à toute épreuve, résistant à la chaleur estivale et au gel. Il prospère dans la plaine et la montagne, dans les ubacs frais et les adrets brûlants, sur les terrains argileux ou les sols sableux, au bord de l'eau ou sur les roches arides. Il peut vivre plusieurs siècles.

Il pousse sur les murs, incrustant ses racines entre les pierres. Il émerge du béton avec la même force, profitant d'un trou par où germe sa graine qui , lentement, introduit ses racines jusqu'à la terre. Il jaillit des fonds d'un ouvrage d'art, d'une maison en ruines. Il peuple de sa présence les maisons abandonnées, comme dernier rempart avant l'oubli.

Le figuier est un angiosperme dont le fruit est fait d’un ensemble de fleurs protégées par un réceptacle appelé sycone. il y a trois sortes de figuier:

-Le figuier mâle ou caprifiguier ou dokkar dont les fleurs mâles sont en proéminence dans le réceptacle.
- Le figuier bifère ou avakour qui produit deux générations de figues, la première étant non fécondée.
- Le figuier femelle, le plus répandu en Kabylie car les fruits peuvent se conserver sous forme de figues sèches.

La pollinisation se fait grâce au blastophage, petit insecte dont la larve vit dans le figuier mâle. Au printemps, l'insecte mature sort et va pondre dans la première figue rencontrée en s'introduisant par le méat situé à l'opposé du pédoncule.En transportant le pollen du figuier mâle, Il assure ainsi la fécondation des figues femelles. Celles qui ne sont pas fécondées tombent à terre.

Le plus grand figuier que j'ai vu se trouvait à Thaouit Oulakhrif dans la région de Tizi Rached. Le propriétaire de ce figuier gigantesque me dit que du temps de son père, il pouvait abriter 4 pair de bœufs sous l'ombre de sa ramure.


LA FEMME AU SOMMET DE L'HUMAIN

La religion, judaïque, chrétienne et islamique, a volé à la femme sa dignité en la rabaissant au rang de simple outil de plaisir du mâle. Elle lui a volé toutes ses libertés comme on déplume les ailes d’un oiseau.

Mais la religion lui a volé plus que cela.

En la faisant naître, toute honte bue, de la côte de l’homme, la religion a inversé le rapport de procréation et l’a dépossédée de son acte le plus noble, le plus important: donner naissance à l’humanité toute entière. L'évidence est devenue mensonge, et le mensonge est devenue réalité pour une grande partie de l'humanité qui se laisse berner encore par la fable de la genèse.

C'est l’homme qui vient de la femme et non l'inverse.

Des femmes ont combattu toute leur vie, d'autres continuent de le faire, pour plus de droits, plus de dignité. Tous les combats vrais des femmes se font, forcement, contre leur ennemi principal : la matrice religieuse et patriarcale, qui les avilit, nie leur humanité.

Simone Veil, rescapée de la Shoah, femme de lumière, a fait voter le droit à l’avortement, redonnant à la femme la propriété de son corps.

Thérèse Casgrain a travaillé avec d'autres femmes à faire reconnaître les droits des femmes, en particulier le droit de vote et d'éligibilité au niveau québécois.

Nasrin Sotoudeh, avocate iranienne a défendu les manifestants contre le régime des mollahs et défendu les femmes qui enlèvent leur voile. Elle est détenue en prison en Iran. En mars dernier, la justice de son pays, basée sur l’islam, la condamnait à trente-trois ans de détention et 148 coups de fouet supplémentaires.

Djamila Bouhired a lutté pour l’indépendance de son pays l'Algérie. Démocrate, moderniste, elle est une icone de la liberté pour les femmes et les hommes.

Taous ait Mesghat écrit, de très belle façon. Ses écrits, lus et partagés des milliers de fois, sont comme des fleurs sur un champ de bataille.

Les femmes algériennes, à l'instar de Samira Messouci, Louisa Ighilahriz, Nor El Houda Oggadi, sont dans la rue depuis plus d’un an. Elles rejettent le système, veulent la démocratie. Elles subissent la répression, la prison parfois, mais maintiennent l’espoir dans un pays où la menace islamiste est toujours présente.

L'ISLAM POLITIQUE EST-IL SOLUBLE DANS LA DÉMOCRATIE?

Voila ce que disait Ali Benhadj :

-Il n'y a pas de démocratie parce que la seule source de pouvoir, c'est Allah, à travers le Coran, et non le peuple.

- Si le peuple vote contre la loi d'Allah, cela n'est rien d'autre qu'un blasphème. Dans ce cas, il faut tuer ces mécréants pour la bonne raison que ces derniers veulent substituer leur autorité à celle d'Allah.

- Sachez que la démocratie est étrangère dans la maison d'Allah.

-Prenez garde à celui qui vient vous dire que la notion de démocratie existe en islam. Il n'y a pas de démocratie en islam. La démocratie est kofr [mécréance] » (Ali Benhadj, Horizons, 23 février 1989).

-Je ne respecte ni les lois, ni les partis qui n'ont pas le Coran. Je les piétine sous mes pieds. Ces partis doivent quitter le pays. Ils doivent être réprimés. » (Ali Belhadj, dans un meeting à El Koléa, Alger Républicain, 5 avril 1991).

250 000 morts plus tard, certaines figures du mouvement populaire veulent réhabiliter l'islam politique en Algérie en se réunissant avec Ali Benhadj et un sociologue, théoricien de 'la régression féconde', veut faire signer aux islamistes un pacte de non violence!!!!.


Regardez! On voit ici des figures respectées du mouvement populaire algérien entourant Ali Benhadj, l'islamiste notoire, à la chéchia blanche et à l'âme noire. Cet homme était un dirigeant du Front Islamique du Salut, dont l'insurrection a fait 250 000 morts pendant la décennie noire en Algérie.
Que fait Bouchachi et le moudjahid Bouregaa avec Ali Benhadj?
Pendant la décennie noire, rouge du sang des innocents, Ali Benhadj était un beau parleur, il savait haranguer les foules, les chauffer à blanc pour les dresser contre la démocratie. Il était la sève idéologique des terroristes. Il disait: La démocratie est koffr ( mécréance). Il ne croyait ni aux droits de l'homme, ni aux libertés individuelles et collectives, ni à la constitution. Pour Ali Benhadj, la seule loi doit être le Coran, il le disait clairement. Il ajoutait que tout gouvernement non coranique doit être abattu.
Seule la charia doit régner. Ali Benhadj était le verbe de la mort qui frappait les intellectuels, les chanteurs, les artistes, les militants démocrates, les appelés du service national, les militaires, les policiers et les gendarmes égorgés avec des sourates du Coran. S'il le fallait, il aurait voulu exterminer tout le peuple pour que règne la charia islamique.
Que font les figures du hirak avec cet homme aux mains rouges?
Le peuple algérien ne veut plus la charia, il veut la démocratie, les libertés individuelles et collectives, les droits de l'homme et la dignité pour toutes et tous. Il ne veut plus des gouffres de l'obscurité mais les sentiers de lumière, du progrès, de l'avenir.
Le peuple algérien vous regarde et se pose des questions

ZITH TAFRAHT: UNE HUILE BIOLOGIQUE

Ait Frah est réputé pour ses vastes oliveraies dont les frontières vont aussi aussi loin que les terres des Ath Douala, Takhoukhth, Ath Yenni, Ait Atelli et Azouza. Partout où l'on se tient, on voit des oliviers à perte de vue. On est frappé d'autant plus par l’étendue de ces oliveraies quand on pense que chaque arbre a été élevé individuellement par les mains minutieuses de paysans patients et laborieux. Chacun des centaines de milliers d'arbres a été greffé sur oléastre naturel,entretenu, débroussaillé, taillé, et le sol porteur labouré régulièrement. Ce vaste patrimoine oléicole est le fruit d'un long travail séculaire, exigeant patience, savoir faire, et efforts. Les oliveraies se transmettent d'une génération à l'autre, comme un legs très précieux.

L'huile est obtenue soit par pression des meules de granit, soit par centrifugation, selon le choix de l’oléiculteur. Elle est biologique. En effet, les oliviers sont conduits sans aucun engrais, sans pesticides. Ils ne reçoivent aucun produit chimique.

Zith Thafrahth a été exposée pour la première fois au salon international de l'agriculture à paris par Mr Omar Houali qui, en la matière, a suivi les traces de son père Hadj El Hocine dans le respect d'une tradition familiale.

L'huile d'olive est un produit stratégique pour tous les kabyles, mais à Ait Frah elle est sacrée.

NASSIRA BELLOULA ET LE VOILE ISLAMIQUE...On a par habitude de nous exhiber le mot « choix » lorsqu’on évoque le port du voile, la liberté personnelle notamment. Or, dans cette histoire millénaire, et ancestrale du voile qui nous vient du fin fond des âges, seuls les musulmans ont en fait une obligation divine...

…Personne ne peut nier que le voile est une tradition et non pas un devoir coranique. Malheureusement, certaines voix éclairantes qui s’élèvent pour dénoncer sa pratique obligatoire se heurtent à celles plus nombreuses et malhonnêtes comme des érudits, des imams, des prédicateurs et autres… qui refusent de lever ce lourd équivoque…car c’est reconnaître la femme comme un être humain et non comme un « péché ambulant » qu’il faut dissimuler…

…Les musulmans même instruits ne lisent pas le Coran, et n'ont pas de libre arbitre. Ils sont encore dépendants des exégètes, d’il y’a quatorze siècles, et n’arrivent pas à se construire leurs propres opinions…

…Ce terrible choix qui est l’excuse toute trouvée pour celles qui le portent pour répondre soit à Dieu (selon elles), soit à l’homme de la maison (mari, époux, frère), soit pour ne pas heurter la sensibilité d’une société oppressive. Et, ce même choix est refusé, nié, dénié, rejeté pour celles qui ne le portent pas. Les femmes qui refusent de porter le voile subissent jusqu’à l’assassinat, la lapidation, l’emprisonnement, et dans d’autres cas comme l’Algérie, les insultes, les dénigrements, les offenses, les humiliations et vexations…

…Les femmes sont maintenues dans un archaïsme séculaire qui les empêche d’évoluer comme des êtres humains à part entière...

Nassira Belloula est une écrivaine algéro-québécoise. Elle vient de publier son dernier roman ' J'ai oublié d’être Sagan' à Montreal. Cette grande écrivaine est connue pour sa spontanéité, ses analyses lucides et courageuses, souvent à contre courant des idées reçues, des certitudes figées. Elle écrit comme elle respire, naturellement, avec poésie, finesse et beauté.

AMANI BALLOUR, MÉDECIN SOUS LES BOMBES

Beaucoup de médecins de par le monde ont des salaires faramineux, vivent dans le luxe après leurs heures de travail où, souvent, leurs mains ne touchent même plus les patients. Au Quebec, un médecin perçoit en une journée plus que le salaire mensuel d'un travailleur d'usine. Ces médecins, séparés du peuple par leurs salaires extravagants, sont séparés des patients par les machines qui font presque tout à leur place.

Amani Ballour est un médecin dans cette Syrie martyre en proie à l'affrontement géostratégique des grandes puissances. Elle dirige un hôpital souterrain où elle accueille, soigne, réconforte les blessés en tous genres: corps déchiquetés par les bombes, enfants étouffant sous les armes chimiques, femmes et hommes ayant perdu des bras, des jambes et dont le sang coule à flots...

Amani Ballour a dû lutter contre ses parents qui ne voulaient pas qu'elle devienne médecin, ni qu'elle prenne part aux manifestations parmi le peuple. Son métier est un sacerdoce, une épreuve quotidienne où la mort et le danger sont présents chaque instant. Elle travaille à la frontière des deux mondes, la vie et la mort, le cœur qui s'arrête et l'espoir qui bat encore... Il y a encore des médecins, comme Amani Ballour pour lesquels le serment d'Hippocrate garde tout son sens...M.A.28 décembre 2019.Certaine image évoque un contexte dans une situation de laquelle nous ne sommes pas étrangers, ne serait-ce, comme le soulignait Lévinas, que par le fait de connaître l'origine de cette représentation déshumanisée en une période sacrée. Commentaire de Jean Canal.


UN GÉNÉRAL EST MORT

Ma pensée va:

-Aux détenus du drapeau amazigh, emprisonnés parce qu’ils ont porté haut l’identité algérienne ancestrale et authentique, niée, combattue, diabolisée depuis l'independance à nos jours. Vous êtes des héroïnes et des héros. L'Histoire retiendra vos noms auréolés de gloire.

-À toutes celles et ceux qui ont perdu un œil, qui voulaient tant voir la liberté avec les deux yeux. Puisse la lumière de votre cœur compenser celle qui vous a été volée.

-À Louiza Hanoune, femme de combat politique, pacifique.

- À Karim Tabbou, dont je ne partage pas certaines idées, notamment son concept très dangereux de démocratie basée sur les principes islamiques, mais il n'a pas sa place en prison.

- À Lakhdar Bouregaa, un authentique amjahedh, qui, après avoir contribué à mettre fin à la colonisation, se voit jeté en prison à l'automne de sa vie.

- À tous les détenus du Hirak, à travers le territoire national.

Pensée à celles et ceux qui maintiennent la flamme de l'espoir, par leurs écrits, leurs paroles, leurs militantisme.

Pensée particulière à Aouicha Bekhti avocate des détenus et militante infatigable, à nos icônes Djamila Bouhired et Louiza Ighilahriz, et à la reine du verbe Taous Ait Mesghat.

-Pensée au maître du mot juste, aux analyses fines, lucides et prémonitoires, à l'homme de pensée et d'action, Said Sadi.

Pensée à la Kabylie laïque et rebelle, dont le soleil finira par illuminer toute l’Algérie. 23 décembre 2019. M.A.


SARAH HALIMI OU L'HORREUR IMPUNIE

Le 4 juillet 2017, Sarah Halimi, médecin retraitée de 65 ans, juive, est tirée de son lit par un homme qui s’était introduit par la fenêtre. Il la roua de coups, la tortura aux cris de Satan!, Satan!. Les cris de Sarah furent entendus des voisins qui appelèrent la police.

Pendant une demi heure, Kobili Traoré s'acharna sur Sarah Halimi, méthodiquement, impitoyablement. insensible aux cris et aux suppliques de sa victime, il accompagnait ses coups d'insultes antisémites: sale juive! Il lui cassa tous les os du visage avec les coups de poings et de pied.

Quelques minutes plus tard, sous les yeux des voisins et des policiers postés dans la cour de l'immeuble, comme dans un film d'épouvante, Sarah Halimi fut jetée du 3 ème étage par le meurtrier et s’écrasa au sol.

Le meurtrier, Kobili Traoré, originaire d'Afrique, est placé en garde à vue, puis rapidement hospitalisé. Il disait: je viens de tuer le Sheitan! Les analyses détectèrent du cannabis dans son sang. Il fut soustrait à la police qui ne put pas le questionner.

Hier, 19 décembre 2019, le meurtrier vient d’être déclaré pénalement irresponsable car il avait pris du cannabis au moment du meurtre. La cour d'appel de Paris a conclu à l'abolition du discernement chez lui.

Pour la famille de la suppliciée et les observateurs de la justice française devenue une cour des miracles,

SARAH HALIMI VIENT D’ÊTRE ASSASSINÉE UNE DEUXIÈME FOIS. M.A. 20 décembre 2019.

LES ALGÉRIEN(NE)S DISENT NON AUX ELECTIONS.

Le calendrier électoral concocté par le pouvoir est rejeté par le peuple, globalement et dans le détail. Des marches grandioses ont lieu sur tout le territoire national pour dire non à cette opération que le peuple qualifie de manœuvre de pérennisation du système. Des affrontements ont parfois lieu avec les forces de l'ordre.

Dans la diaspora, on assiste à la même mobilisation, avec la tenue de vigiles près des consulats pour dissuader les électeurs potentiels.

Les algérien(ne)s de Montréal ont manifesté leur opposition par une marche grandiose depuis la place du Canada jusqu'au consulat. La diaspora montréalaise est particulièrement active, mobilisée, avec ses mots d'ordre, ses drapeaux national et amazigh, et une participation majeure des femmes qui sont au cœur de la contestation.

Une vigile se tient devant le consulat tous les jours.

LE PEUPLE ALGÉRIEN , PACIFIQUE ET DÉTERMINÉ PLUS QUE JAMAIS

Depuis neuf mois, le peuple algérien manifeste son désir irrépressible d'une démocratie véritable. Des millions de personnes, femmes, hommes, étudiants, retraités, amazighophones, arabophones, francophones battent le pavé dans toutes les villes et régions d’Algérie. La diaspora en France, au Canada, et ailleurs, est en phase avec le mouvement, elle apporte son encouragement et sa voix à l’extérieur.

Aucune voiture brûlée, aucune vitrine cassée, aucune agression contre les forces de l'ordre, pourtant déployées en force.

Le peuple a déjoué toutes les tentatives du pouvoir de le diviser, de l'affaiblir. Il a chassé les islamistes de la rue, montrant par là que ce mouvement est celui de la lumière, pas celui de l'obscurité. Il a refusé l'arrestation des porteurs de l’emblème amazigh, malgré les décennies de négation politique de cette identité dont sont porteurs tous les algériens.

Nous assistons à un mouvement populaire, politique et pacifique unique en son genre dans l'histoire de l'humanité.

Le peuple algérien frappe avec force à la porte de la démocratie, elle finira par s'ouvrir.

LE PEUPLE A DIT NON!


UNE QUÉBÉCOISE D'ORIGINE IRANIENNE:

-LES RELIGIEUX NOUS ONT VOLÉ NOTRE PAYS-.

J'ai discuté avec une iranienne ici à Montréal. Elle et ses parents on quitté l'Iran après la prise du pouvoir par Khomeiny et l'instauration de la charia islamique. Elle raconte:

«Je ne suis jamais retournée en Iran que je ne considère plus comme mon pays. Les mollahs nous l'ont volé. Tu sais, je me rappelle bien, même si j'étais jeune à l'époque. Si une famille faisait la fête chez elle, un voisin pouvait appeler la police qui venait mettre fin brutalement à la joie et procédait à des arrestations. La musique était un crime. Et si la police trouvait des femmes et des hommes dans la même pièce, ou des femmes sans voile, c'était très grave» .

Elle baisse la tête, le front traversé par une ombre, les yeux inquiets, comme si elle a encore peur aujourd'hui.
«Mais la langue persane persiste dans ma bouche et parfois on parle persan entre amis ici, le cœur très lourd»

Elle ajoute que l'alcool était interdit et que les gens fabriquaient des boissons chez eux, en cachette, des boissons artisanales et donc dangereuses.

«Mon pays est une prison, une vaste prison. Nous nous sentons un peu coupables de nous amuser ici, alors que nos sœurs et nos frères en sont privés», dit elle, avec son sourire plein de charme et de nostalgie désespérée.

Toute la douleur que ne peuvent dire ses mots est contenue dans ses yeux d'un noir de jais. Je mesure toute la détresse de cette femme, bannie de son pays à la civilisation millénaire devenue un mouroir où les cadavres des pendus se balancent des jours durant, exposés au public, alors que les cheveux des femmes sont un crime.


ASMA LAMRABET : LA RELIGION, ÉLÉMENT DÉCISIF DANS LE PASSAGE À L'ACTE RADICAL
...Parmi les multiples causes de ce que l'on appelle la radicalisation au nom de l'islam -toutes intimement imbriquées- on peut citer : la lecture wahabo-rigoriste, les causes géopolitiques, les violences économiques, urbaines, éducationnelles, la désocialisation des jeunes d'aujourd'hui (et j'en passe)....Mais il y a cependant un dénominateur commun qui signe le "passage à l'acte" et qui est le religieux même s'il se fait très vite et en retard chez ces jeunes "déculturés". Et il se base sur cette vision traditionaliste latente, immuable, présente dans les ouvrages de base de "presque" toutes les tendances islamiques confondues... (extrait de son post).

Fidèle à ses habitudes, Asma Lamrabet secoue le cocotier de la bien-pensance islamique qui nie tout lien entre religion et violence sociale dans une affligeante position de déni. Or en cette matière, plus qu'en toute autre, le verbe précède le geste. Car est coupable non seulement la personne qui commet l'acte, mais aussi, et surtout, tous ceux qui, en amont, ont patiemment alimenté, à l'aide de la parole haineuse, son aversion mortelle de la liberté et de la différence.

Cette nébuleuse des coupables est si vaste, quand on pense que les 'les musulmans au paradis et les non musulmans en enfer' est devenu un lieu commun dans la bouche de maints prêcheurs et transmise comme vérité irréfragable au fidèle ordinaire. En somme, le radical ne fait qu’exécuter une sentence largement partagée. Il y a heureusement des intellectuels musulmans, de plus en plus nombreux, qui remettent en question cette façon de considérer l'Autre pour le percevoir comme frère en humanité.

Courageuse Asma Lamrabet.