ALLEZ ! ALLONS AU CINÉMA :"LE JEUNE AHMED" des frères Dardenne Critique
Avec « Le jeune Ahmed » (1h 24mn suffisent amplement à nous expliquer le pourquoi du comment de la chose nommée), les frères Lardenne peignent une fresque sociale dont le thème exige de l'adresse en ses descriptions sociologiques. On peut très vite glisser dans la caricature, lorsque le cinéma traite ce genre de sujet qui demande une grande perception intellectuelle, voire faire preuve de perspicacité intuitive développée...{Ce qui, par parenthèses, n'est pas évident chez d'aucuns qui se targuent d'une critique es lettres surannée...}. Le stéréotype, donc, apparaît à peine perceptible tellement la contractualisation de ce phénomène est évidente, au regard sociétal. Cette vertu est acquise chez eux qui thématisent certains actes de l'actualité, recevables dans la rubrique des faits divers. La radicalisation de l'extrémisme djihadiste chez les plus vulnérables, en est le sujet. Le titre annonce le film qui ne dément point son intitulé. Renier une éducation occidentale au profit d'une religion identitaire qui rappelle le musulman à son devoir envers l'islam. Rien d'autre ! L'application des préceptes religieux pris au pied de la lettre, en abandonnant définitivement la mauvaise éducation inculquée par un mimétisme occidental fondé essentiellement sur la consommation et faisant une place modique à cette religion marginalisée, au demeurant stigmatisée au sein des communautés qui la représentent. Les moyens pour un retour aux sources reposent dans la lecture exégète du coran conduite sous le regard mal-veillant de l'imam qui oriente la pensée vers cette radicalisation meurtrière. « Le jeune Ahmed » en est à la fois la victime spirituelle et le coupable social, favorisé par son jeune âge enclin à l'influence islamiste, particulièrement. Primé à Cannes cette année, cette fresque contemporaine dont les conjectures idéologiques, très complexes, inquiètent la société se veut évocatrice des problèmes de fond auxquels les politiques ne purent ou ne voulurent point répondre, attribuant à ce phénomène une attention mineure dans l'intention profonde des individus concernés, et cela quand il en était encore temps. Cette radicalisation-ci tire un trait décisif sur l'occident diabolisé pour sa décadence sociale attentatoire à la reconnaissance de l'islam, comme culture de référence (la Charia prise de façon intrinsèque, comme loi inaliénable à cette religion -paradoxe avec l'esprit démocratique de l'Europe) ! Le meurtre de l'impie, désigné comme tel, inscrit le djihadiste dans la reconnaissance religieuse de l'islam, ainsi poussé à l'extrême. Un seul regret cependant dans ce film qui maintient le suspens jusqu'au bout, tout en s'immisçant pertinemment dans le contexte privé des clivages sociaux impactés par ce fléau, une fin inattendue, montée en queue de poisson, sans doute voulue par les auteurs du film qui signent ainsi une réalisation remarquable, complétant leur œuvre cinématographique exceptionnelle. La salle était vide à 98%. Jean Canal. 23 mai 2019.
LA GALERIE CACHEE